L’attaque meurtrière survenue dans la nuit du 8 janvier 2025 dans la zone des « Trois Frontières » (Bénin-Niger-Burkina Faso) continue de secouer la sphère politique béninoise. Alors que le gouvernement, par la voix du ministre conseiller à la Défense, Rachidi Gbadamassi, fustigeait une supposée récupération politique par le principal parti d’opposition, Les Démocrates, ce dernier a répondu avec vigueur, rejetant les accusations portées à son encontre.

L’assaut, revendiqué par le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), a causé la mort de 28 militaires béninois, marquant un des épisodes les plus sanglants depuis le début de l’opération Mirador.

Face à ce drame, Les Démocrates ont pris la parole pour demander des clarifications sur la stratégie de défense nationale. Le parti a également proposé des mesures telles que l’instauration de trois jours de deuil national, la mise en berne des drapeaux, et une coordination renforcée des efforts régionaux à travers des brigades mixtes.

Les accusations de Rachidi Gbadamassi

Dans une déclaration tranchante, Rachidi Gbadamassi a accusé Les Démocrates d’exploiter politiquement la tragédie. Il a dénoncé ce qu’il considère comme une « récupération politique indécente » :

« Nos adversaires politiques sont dans une entreprise de récupération et de vengeance politique sur les corps sans vie de nos soldats tombés au champ d’honneur… Quelle immoralité, quelle insensibilité, quelle irresponsabilité ! »

Pour Gbadamassi, les propositions de l’opposition, notamment la demande d’un deuil national, relèvent davantage d’une instrumentalisation des émotions populaires que d’une réelle volonté de solidarité. Il a exhorté à une union nationale dépassant les clivages politiques pour faire face à la menace terroriste.

La réplique de Guy Mitokpè du parti LD

Guy Mitokpè, Secrétaire national à la communication de Les Démocrates, n’a pas tardé à réagir, qualifiant les propos de Gbadamassi d’injustes et déplacés. Selon lui, le parti n’a fait que proposer des mesures appropriées face à une tragédie nationale :

« Tout ce que nous avons demandé, c’est de décréter des jours de deuil et de mettre les drapeaux en berne. Cela n’a rien à voir avec de la récupération politique. C’est ce qu’un gouvernement responsable aurait dû faire. »

Mitokpè a également critiqué le manque de sensibilité du gouvernement, l’accusant de ne pas avoir pris de pause dans les festivités pour honorer les soldats tombés. Il a invité Gbadamassi à se concentrer sur des actions concrètes pour renforcer la sécurité nationale, au lieu de s’engager dans des querelles inutiles.

« L’immoralité, c’est continuer à festoyer alors que la Nation est frappée. Il est temps de passer de l’inculture à la proposition constructive », a-t-il conclu.

Ce débat politique autour de l’attaque meurtrière du 8 janvier met en lumière les divergences profondes entre la majorité et l’opposition sur les approches à adopter face à la menace terroriste. Alors que les tensions politiques s’intensifient, les citoyens béninois attendent des réponses concrètes et une stratégie unifiée pour prévenir de futures tragédies.

La priorité, selon de nombreux observateurs, devrait être une réflexion collective sur les moyens de renforcer la sécurité et d’assurer la stabilité dans une région de plus en plus instable.